Cette question avait été proposée à la suite de d’un constat fait durant la période « covid » : il était très difficile de débattre sereinement de la question du vaccin, et de nombreuses dissensions se sont produites entre pro et anti vaccin, allant même jusqu’à provoquer des ruptures durables entre des personnes jusque-là amies. Comment expliquer de telles crispations et cela veut-il dire qu’on ne peut plus débattre ?

Pour répondre à cette question, il fallait définir ce que signifie débattre et quelles sont les conditions dans lesquelles on peut le faire.

Le débat est un type d’échange bien particulier. C’est d’abord un échange dans lequel les participants doivent être égaux. Il ne s’agit pas de donner des leçons ou de chercher à être le plus fort. Le débat n’est pas un combat. Le but n’est pas de gagner en aillant le dernier mot, mais d’apprendre mutuellement. C’est pour cela que les « débats parlementaires » n’en sont pas vraiment, ce ne sont pas des moments d’échanges, puisque les positions des uns et des autres sont décidées d’avance et que les changements ne s’effectuent qu’à la marge et pour des raisons stratégiques le plus souvent.

Une seconde condition du débat est alors d’échanger de manière non-violente, en écoutant les autres, même si on n’est pas d’accord. Le débat est inséparable de la tolérance. 

Cela signifie alors que le débat mobilise la capacité de raisonner et non les sentiments ou les émotions. En effet, les émotions ont tendance à nous empêcher de nous ouvrir aux autres et nous referment sur nous-même. Ainsi, lorsque c’est la peur qui parle, ou la colère, il est impossible de débattre. Il semble bien que c’est ce qui s’est produit pour la question du vaccin anti covid. Les gens avaient peur pour leur vie, et à cela s’est ajouté une méfiance envers les autorités et une certaine confusion dans les informations qui étaient données.

Nous avons par ailleurs remarqué qu’il est parfois plus aisé de débattre avec des gens que l’on ne connaît pas ou peu, qu’avec des proches, puisqu’alors les échanges ne sont pas « courcircuités » par l’affectivité. Tout le monde a déjà fait l’expérience des repas de famille…

Il y a ainsi des lieux plus favorables que d’autres aux débats, par exemple, le café philo !