Préférons-nous l’ordre ou le désordre ?
Ce n’est pas une question facile, d’abord parce qu’il n’est pas si simple de définir ce qu’est l’ordre (et donc par opposition, le désordre), et d’autre part parce que chacune de ces notions comporte une dimension positive.
Il y a des avantages à l’ordre : avoir une bibliothèque bien rangée permet de plus facilement retrouver un livre, c’est le cas aussi dans une cuisine. On pourra dire que l’on veut « mettre les choses en ordre » dans sa vie lorsque la confusion des sentiments l’emporte et qu’on ne sait plus « où on en est ». L’ordre a donc un aspect rassurant. Nous identifions l’ordre à l’idée que chaque chose est à la place où elle doit être ou qui lui revient. Et cela peut curieusement s’apparenter à l’idée que nous nous faisons de la justice ou de l’harmonie. La notion d’ordre possède donc une dimension pratique, mais aussi morale.
D’un autre côté, une maison dans laquelle tout est trop bien ordonné peut mettre certaines personnes mal à l’aise, ne pas apparaître vivante. Il y a même des gens qui savent très bien retrouver des choses dans ce qui peut prendre pour d’autres l’apparence d’un désordre.
Par ailleurs, sur le plan politique, une société trop ordonnée manquerait de liberté, et lorsque l’ordre est le seul « mot d’ordre », on se rapproche d’un régime autoritaire, qui impose des règles auxquelles tous ne consentent pas.
On peut aussi considérer que le désordre est créateur, qu’il oblige à changer ses habitudes, à voir les choses sous un autre angle. Le désordre, c’est l’imprévu, la transformation, mais aussi ce qui nous pousse alors à nous adapter à une nouvelle situation. Une révolution consiste ainsi à renverser un ordre établi, en créant un désordre qui sera source d’un nouveau droit et donc d’un nouvel ordre censé être meilleur que le précédant .
Finalement, le problème n’est peut-être pas tant de savoir si l’ordre est préférable au désordre ou vice versa, mais plutôt de savoir qui en est à l’origine (si ils sont consentis ou imposés), et quelle est leur finalité (paix ou violence, tranquillité ou inquiétude).

