CR du café Philo du 18 mai « l’Altérité »


Prochain café Philo le 14 septembre
Est il possible d’échapper au temps? (sujet de bac)

Compte rendu du café philo du 18 mai. Le sujet était : « l’altérité ».

Comme nous n’avions choisi qu’un thème et pas une problématique, j’ai proposé les questions suivantes : est-il possible de connaître l’autre ? Est-il possible de l’atteindre ?
Le terme « altérité » provient du latin « alter » qui signifie « autre ». L’altérité c’est donc le caractère autre de l’autre (on entend par là tous les autres êtres humains, tous ceux qui ne sont pas moi).
On retrouve cette étymologie dans l’expression « alter ego », « autre moi » : l’autre homme est un autre moi que moi, ce qui signifie qu’il utilise le même mot que moi pour se désigner, mais que ce mot renvoie à autre chose.
On voit que dès qu’il s’agit de définir ce que c’est qu’un autre, on se retrouve empêtré dans des termes qui servent aussi à nous désigner nous-mêmes.
Ainsi, les autres sont à la fois nos semblables, nos prochains, et en même temps, des êtres différents. La difficulté réside dans le « en même temps ». En effet, si on ne considère les autres que par leur côté différent, on risque de penser que l’on n’a rien en commun, c’est ce qui génère le racisme par exemple. Mais à l’inverse, si on ne prend en compte que leur similitude, on tombe dans un autre piège, celui de penser qu’ils sont en tout point comme nous, ce qui nous empêche d’appréhender leur différence justement (par exemple, on dira : je ne comprends pas comment tu peux aimer ceci ou t’intéresser à cela…). Il faut donc parvenir à considérer les autres sous leur double aspect, semblable et différent. C’est la question de la possibilité de connaître les autres qui se pose alors.
Nous avons, dans un premier temps, réfléchi à partir d’un texte de Maurice Merleau-Ponty, un philosophe du XX siècle, qui analyse la différence de perspective que moi et l’autre avons sur les choses, et l’impossibilité de faire coïncider ces points de vue. Il prend des exemples de situations vécues pour montrer qu‘on ne peut jamais comprendre ce que vivent les autres. Par exemple, « le deuil d’autrui et sa colère n’ont jamais exactement le même sens pour lui et pour moi. Pour lui, ce sont des situations vécues, pour moi ce sont des situations apprésentées ».
Ainsi l’empathie est toujours une façon de souffrir « avec » mais pas « comme » l’autre ; nous ne pouvons pas superposer nos expériences, même si nous nous sentons très proche d’une personne, parce qu’il y a toujours une différence irréductible entre celui qui vit une chose et celui qui se la représente ou qui voit l’autre en train de la vivre.
En fait, même lorsque l’on se retrouve dans une situation identique, que l’on fait une chose ensemble, on ne vit jamais la même chose, parce qu’on ne vit jamais les choses de la même manière : « nos consciences ont beau, à travers nos situations propres, construire une situation commune dans laquelle elles communiquent, c’est du fond de sa subjectivité que chacun projette ce monde unique ». La subjectivité désigne donc ce monde intérieur auquel aucun autre que nous n’a accès et qui constitue l’autre comme un mystère.
Nous nous sommes alors demandés s’il est possible de franchir ce fossé de la subjectivité, et comment : nous avons évoqué la question du dialogue, comme « milieu » entre moi et l’autre, point de rencontre possible, à condition d’être sincère, car si nous ne pouvons pas savoir ce qu’il y a dans la tête de l’autre, il peut aussi nous mentir, nous manipuler.
Nous avons aussi parlé de la notion d’universalité qui désigne ce qui est commun à tous sans appartenir à personne en particulier, ce qui est donc très abstrait et en même temps essentiel puisque ce concept permet de concilier les différences et l’identité. Par exemple l’idée d’égalité des droits suggère que les hommes peuvent avoir les mêmes droits tout en conservant leurs particularités. Le problème avec l’idée d’universel c’est qu’elle reste un idéal qui comme tel n’est pas visible à l’œil nu, et auquel les hommes ont tendance du coup à ne pas croire.

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