Lorsque je découvris ce village, au milieu des ruines, mon sentiment de « visiteur » fut de l’ordre de l’indicible et dans le silence pesant du lieu il m’a semblé percevoir cette voix rauque et farouche qui montait de la gorge empestée de l’Allemagne nazie de 1944 soufflant sur le monde son haleine de mort. C’était la voix du chaos et de la dévastation, la promesse d’une guerre totale qui plongeait les nations dans les eaux noires et brûlantes d’une nouvelle apocalypse et ouvrait le temps où, selon la formule de Georges Bernados « Le paradis des hommes est devenu le paradis des bêtes ».
10 juin 1944. Quatre jours après le débarquement des Alliés en Normandie, en un après-midi le petit bourg de la Haute-Vienne fut rayé de la carte par la barbarie nazie du 4e Régiment Der Führer de la 2e SS Panzerdivision Das Reich commandé par le général Lammerding. La veille ces mêmes nazis avaient voué 99 habitants à la pendaison dans la ville de Tulle.
A Oradour-sur-Glane, l’exécution des habitants puis le pillage achevé par l’incendie du village ne laissera rien que des ruines fumantes et des corps suppliciés : 642 innocents dont 254 femmes et 207 enfants et bébés furent exterminés. Seuls 5 hommes et une femme en ont réchappé …
Ce massacre apparait comme un déchaînement de violence incontrôlée, or il a été parfaitement planifié et exécuté.
Après la libération, l’Etat a laissé filer les responsables de ces actes pour ne pas mettre en péril la réconciliation nationale, quitte à sacrifier au passage un bourg inconnu au centre de la France car souvenons-nous que 21 des 28 accusés, lors du procès de Bordeaux en 1953, étaient des « Malgré nous », ces alsaciens incorporés dans la SS. Un procès aussi bâclé et frustrant que la parodie de justice dont il fut l’objet.
Depuis, ce village est resté pétrifié dans cet après-midi du 10 juin 1944.
Le gouvernement provisoire de l’époque ayant décidé de classer et conserver les ruines. Elles attestent que ce lieu est devenu le symbole de la barbarie dans notre Europe occidentale.
PLUS JAMAIS CA !
ET POUR TOUJOURS, ORADOUR-SUR-GLANE … SOUVIENS-TOI.
Alain Delmas photographie
Alain Delmas est de retour au Café avec une série de quinze photos consacrées à Oradour sur Glane,
lundi 28 octobre, accrochage des oeuvres au café
Samedi 16 novembre à partir de 19h00, vernissage, suivi d’une conférence rencontre avec l’artiste