Le sujet était : la valeur de la colère.
La colère est une émotion courante, mais souvent considérée comme inopportune ou gênante, on nous demande de la réprimer parce qu’elle ne permet pas la discussion par exemple. Or, on peut aussi voir dans la colère une vertu positive, elle permet de s’exprimer sans retenue et parfois de manière plus authentique. C’est pourquoi la question avait été posée de la valeur de la colère : est-elle une émotion à rejeter ou à valoriser ? La maîtrise de soi doit-elle lui être préférée ?
Nous avons analysé la colère dans ses formes : il y a des colères explosives, mais aussi des colères froides, qui peuvent d’ailleurs être tout aussi violentes. D’autre part, la colère peut s’exprimer de manière individuelle, dans un rapport de personne à personne, ou bien de manière collective, dans le cas d’une colère populaire par exemple. Dans tous les cas, la colère désigne ce moment où le contrôle rationnel semble ne plus exister, et où on excède les limites de la retenue habituelle.
Nous avons aussi pu définir la colère par son origine : c’est une réaction face à ce qui est considéré comme injuste. en ce sens, elle exprime un sentiment fort et authentique de révolte, puisqu’elle ne se décide pas, ne se joue pas, mais s’impose à l’individu (on dira que l’on sent la moutarde monter au nez par exemple…). La colère est donc le signe qu’une conscience analyse une situation et la juge non acceptable. En ce sens on peut considérer qu’une bonne colère vaut mieux qu’un silence résigné et une rancœur qui couve, ou même que l’indifférence.
Cependant, si on peut considérer que l’objet d’une colère est légitime, cette réaction peut être perçue comme néfaste, et même comme contre productive,puisque souvent elle ne permet pas de discuter et donc de régler le problème auquel on s’oppose. C’est toujours une forme de violence que l’on peut considérer comme répréhensible (bien qu’elle soit différemment valorisée par la société, en fonction du sexe par exemple).
En ce sens, le contrôle de soi et la maîtrise des émotions sont des attitudes considérées comme plus dignes, signes d’une plus grande liberté, d’une capacité à prendre du recul. On va valoriser par exemple le flegme britannique…
Malgré tout, la colère est un moyen de défense, il peut même être le seul dont disposent certains (c’est le cas de la colère populaire quand on ne dispose pas des moyens institutionnels de se faire entendre). En ce sens elle aussi le signe d’une prise de liberté.
Carole Garcia